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Un samedi matin, Frank passa chez les Quibler pour prendre Nick et l’emmener au zoo. Il arriva en avance et attendit au salon qu’ils finissent leur petit déjeuner. Charlie, Anna et Nick lisaient en mangeant, et Joe regardait le dos de sa boîte de céréales avec une sorte de détermination farouche, comme s’il espérait déchiffrer le secret de la lecture grâce à un pur effort de volonté. Voyant cela, Frank sentit son cœur devenir énorme dans sa poitrine, il fit le tour de la table et s’accroupit à côté de lui pour bavarder.

Bientôt Nick se leva pour aller se préparer, mais avant, il voulut montrer à Frank un nouveau jeu vidéo. Frank resta debout derrière lui, s’efforçant de comprendre ce qui se passait sur l’écran.

— C’est normal qu’il ait explosé comme ça ?

— Un truc de savant maléfique mutant.

— Je vois. Oh, wouah ! Celui-ci, comment il a explosé ?

— Je l’attaque avec un personnage invisible.

— Il est fort ?

— C’est surtout qu’il est difficile à voir.

Charlie se mit à rigoler. Nick se retourna vers lui et dit :

— Papa, arrête de boire mon chocolat !

— Je croyais que tu n’en voulais plus. Je n’en ai pris que trois gorgées…

— Quatre.

— Allez, ne fais pas poireauter Frank. Va te préparer.

 

Au zoo, ils commencèrent par visiter un atelier où on apprenait à tailler des pierres pour en faire des bifaces et des pointes de flèche. Frank l’avait trouvé sur le site Internet du FONZ et avait été très intéressé, bien sûr, et comme Nick était toujours partant… Ils étaient donc assis par terre avec un ranger d’environ vingt-cinq ans qui ressemblait à Robin, se disait Frank. Le jeune homme allait de l’un à l’autre, s’accroupissait pour montrer à chacun comment frapper le cortex avec le percuteur pour arracher les éclats voulus. À chaque percussion réussie, il poussait un grand « Yeah ! » ou il disait « Bravo ! ».

C’était à l’évidence le même processus qui avait créé le biface acheuléen de Frank, bien que leurs résultats modernes soient moins harmonieux. Et bien sûr, la pierre nouvellement façonnée avait l’air mal finie, à côté des surfaces lisses, patinées, de la vieille hache. Peu importait – c’était une joie d’essayer, et qui procurait un peu la même satisfaction que la contemplation des flammes dans une cheminée. C’était l’une de ces choses qu’on savait faire dès le premier essai.

Frank régularisait allègrement une excroissance vers la base en se régalant des clac ! et des tchak !, de l’odeur des étincelles et de la poussière de pierre qui montait dans le soleil, lorsqu’ils s’écrasèrent la main au même moment, Nick et lui. Le menton de Nick se mit à trembler, et Frank laissa échapper un gémissement en dorlotant son pouce palpitant.

— Oh merde… ! Je vais avoir l’ongle noir. Et meeerde ! Et toi ?

— L’index, répondit Nick. La jointure du milieu.

— Gros bobo.

— Ouaip. Aïe, aïe – Kun chok sum !

— « Kun chok sum » ? C’est du khembalais ?

— Oui. Un juron tibétain.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Ça veut dire « trois joyaux » !

— « Trois joyaux » ?

— Trop cool, hein ? Ils en ont des pires, évidemment.

— Kun chok sum !

Le ranger s’approcha avec un sourire immense.

— Ça, messieurs, c’est ce qu’on appelle le baiser du granit. Quelqu’un veut un sparadrap ?

Frank et Nick déclinèrent la proposition.

— C’est ce qui s’appelle être pris entre la pierre et le caillou. Je suppose que c’est l’expression qu’employaient nos ancêtres. On a trouvé des outils taillés comme ça qui remontent à un million et demi d’années.

— J’espère que ça ne fera pas mal aussi longtemps, dit Nick.

Ensuite, ils mirent leurs nouveaux outils de pierre taillée dans leur sac à dos et allèrent voir les gibbons et les siamangs.

Tous les primates retournés à la vie sauvage étaient morts ou avaient retrouvé le chemin du zoo. Ce matin-là, Bert, May et leurs rejetons survivants se promenaient dans l’enclos triangulaire des gibbons. Ils ne laissaient sortir qu’une famille à la fois pour éviter les bagarres. Frank et Nick se joignirent aux gens qui les observaient, accoudés à la rambarde. Surtout de jeunes parents avec de petits enfants.

— Singe ! Singe !

Bert et May se prélassaient au soleil, comme ils l’avaient si souvent fait auparavant. Ils étaient installés sur une petite plate-forme, juste devant le tunnel qui menait à leur chambre intérieure – une sorte de porche, en fait, avec un panier de métal accroché au-dessus, où il y avait de la nourriture. Rien, à les voir, ne laissait imaginer qu’ils avaient passé la majeure partie de l’année écoulée à courir en liberté dans le Rock Creek Park. May épouillait le dos de Bert, intensément absorbée, habile. Bert avait l’air absent. Ils ne croisaient jamais le regard de leurs observateurs humains. Bert changea de position pour présenter l’arrière de sa tête aux doigts de la femelle, qui s’empressa de le satisfaire. Elle écarta les poils de son crâne et l’inspecta de près, mais quelque chose amena le mâle à lui donner une petite tape, alors elle lui prit la main et la tirailla. Puis elle le lâcha, grimpa à la palissade pour intercepter l’un de leurs gamins, et tout à coup la mère et le jeune se mirent à jouer à chat. Comme ils passaient devant Bert, il leur donna une taloche, alors ils se retournèrent et se jetèrent sur lui. Quand il se fut dégagé d’en dessous d’eux, il se jeta sur la palissade, dans un coin de l’enclos d’où il était possible de tendre le bras au travers et de tirer sur les feuilles d’un arbre. Il mâchonna un rameau, talocha l’un des gamins qui passaient d’un revers de main habile.

Frank les trouva agités. Ce n’était pas évident ; au premier abord, ils paraissaient languides, parce que, lorsqu’ils s’immobilisaient, ils avaient tendance à se fondre dans leur position, même quand ils s’accrochaient à la palissade ; alors ils avaient l’air ramollis – surtout quand ils étaient étalés par terre, les bras au-dessus de la tête, à épouiller distraitement leur partenaire ou un jeune… De vrais coqs en pâte !

Mais quand on les observait un moment, on se rendait compte qu’ils changeaient d’activité sans arrêt. Ils couraient autour de la palissade, mangeaient, s’épouillaient, se balançaient. Il devenait évident qu’ils ne faisaient jamais rien plus de cinq minutes d’affilée.

Puis le plus jeune fils piqua sa crise : il courut sur le haut de la palissade et se jeta dans le vide dans un bond apparemment suicidaire, mais qui le propulsa sur la bande de toile tendue en travers de la cage, juste au-dessus des buissons qui couvraient le sol. Il tomba à quatre pattes, amortissant suffisamment sa chute pour ne rien se casser. C’était un saut qu’il avait dû faire des centaines de fois, après quoi il avait l’habitude de placer un démarrage et de sauter sur son père.

Ils jouèrent à se bagarrer dans l’herbe. Bert se rappelait-il avoir lutté avec son premier fils au même endroit ? Le plus jeune fils se souvenait-il de son frère ?

Ils chahutaient, la face grave et songeuse, comme absorbés dans leurs pensées. On aurait dit qu’ils en avaient vu des vertes et des pas mûres. Maintenant, ça pouvait n’être qu’un accident de physiognomonie. Le regard de l’espèce.

Une bande d’ados humains déboulèrent et commencèrent à pousser une cacophonie de hurlements, juste pour mettre les animaux en déroute.

— Ils ne font ça qu’au lever du jour, dit Nick à Frank.

Ils joignirent malgré tout leur voix au concert des jeunes. Les gibbons ne réagirent pas. Les ados furent un peu surpris de l’habileté de Frank. Ooooooouuuuuup ! Oup oup ooouup !

Bert et May étaient maintenant alanguis sur leur porche, au soleil. Bert s’assit, regarda le panier à nourriture vide et de sa main aux longs doigts, sans pouce, commença à épouiller distraitement le ventre de May. Elle était couchée sur le dos, l’air ennuyée. De temps en temps elle tapait sur la main de Bert. On aurait dit la dynamique stéréotypée du mâle qui épouillait la femelle, laquelle ne voulait pas qu’on l’embête. Et puis May se leva et colla brusquement son derrière dans le nez de Bert. Il le regarda une seconde, se pencha et le lécha, recula et claqua des lèvres exactement comme un goûteur de vin. Pas de doute, il savait avec précision où elle en était de son cycle.

Les humains au-dessus regardaient ça sans commentaire. Au bout d’un moment, Nick proposa d’aller voir leurs tigres, et Frank accepta.

Tout en suivant le chemin qui menait à la grande île des félins, Frank ne pouvait chasser de son esprit l’image de May épouillant Bert. Les gibbons à joues blanches étaient monogames. Comme plusieurs espèces de primates, même si ce n’était pas la règle. Bert et May étaient ensemble depuis plus de vingt ans, plus de la moitié de leur vie. Bert avait trente-six ans, May trente-deux. Ils se connaissaient bien.

Quand un couple humain se rencontrait, chacun offrait à l’autre une certaine vision de soi, une interprétation de la partie de lui-même qu’il pensait à même de faire la meilleure impression. S’ils tombaient amoureux l’un de l’autre, ils entraient dans un espace d’intérêt, d’affection, de désir mutuels ; tomber amoureux leur faisait perdre prise sur la réalité, et – oui, ils marchaient sur un petit nuage.

Mais si le couple s’installait ensemble, chacun voyait rapidement clair dans le jeu de l’autre, jeu qui était, jusque-là, tout ce qu’il connaissait de lui. À ce stade, soit les deux restaient amoureux, soit l’un d’eux deux le restait et l’autre pas, soit ils entraient tous les deux en désamour. Mais comme la réciprocité était intrinsèque au sentiment, la plupart du temps, Il suffisait que l’un des deux décide d’arrêter pour que la relation cesse d’exister. En réalité, quand c’était à sens unique, Frank se demandait si on pouvait encore appeler ça de l’amour, ou si ce n’était pas plutôt une espèce de besoin, la peur d’être seul, et si celui qui était « encore amoureux » n’avait pas en réalité cessé de l’être, s’il n’était pas entré dans le déni, d’une façon ou d’une autre. Ça lui était déjà arrivé. Non, le véritable amour était réciproque ; l’amour à sens unique, s’il existait, était une autre émotion, comme la sainteté ou le don de soi, la dévotion, la divinité, la pitié, l’ostentation, la vertu, le besoin ou la peur. L’amour réciproque, c’était différent. En fait, quand on tombait amoureux de l’image que l’autre donnait de lui, on prenait un gros risque. Parce qu’il fallait vraiment du bol pour que, quand deux personnes apprenaient à se connaître, elles restent toutes les deux amoureuses des caractères plus variés qui émergeaient soudain derrière le masque.

Bert et May n’avaient pas ce problème.

Les tigres nageurs étaient allongés dans leur enclos et se doraient au soleil comme tous les félins du monde. Les tigres n’étaient pas monogames. En réalité, c’étaient des solitaires qui vivaient leur vie et dont les routes ne se croisaient que le temps de l’accouplement. Les mères envoyaient promener leurs jeunes au bout de deux ans, et chacun reprenait son petit bonhomme de chemin.

Mais ces deux-là avaient été réunis par le destin. Envoyés à la mer par la même inondation, sauvés par le même bateau, gardés dans les mêmes enclos. Et maintenant le mâle posait sa grosse tête sur le dos de la femelle. Il léchait sa fourrure de temps en temps, puis reposait son menton sur son épine dorsale.

Peut-être qu’il y avait une autre façon d’en venir à l’amour. Passer beaucoup de temps avec un compagnon de route. Apprendre à le connaître au gré d’un large éventail de comportements ; et puis voir cette connaissance se muer en amour.

Les tigres nageurs avaient l’air contents. En paix. Les primates n’avaient jamais cet air paisible. Nick et Frank allèrent acheter des sorbets. Frank prenait toujours citron ; Nick prit un cocktail ginger aie, cerise, banane.

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